L'HISTOIRE DES SOEURS BACHANT
Les orphelines de guerre ont bouclé leur histoire
Les images appartiennent à la Famille Bacchant.
Elles m'ont été envoyées par Nancy Bachant.
Tous les droits appartiennent aux soeurs Bachant
Une bataille meurtrière
Janet, Nancy et Karen sont les trois filles du GI Herbert Bachant. Le 1er août 1944, à bord d’un half-track de l’armée américaine, à Saint-Grégoire, près de Rennes, il a perdu la vie lors de la bataille de Maison-Blanche, trois jours avant la Libération de Rennes. Ce soldat appartenait au 10e bataillon d’infanterie de la 4e division blindée du général Wood. Dans la bataille, environ soixante soldats ont été tués et on a dénombré plus de cent blessés.
Un sujet tabou
Les trois sœurs qui vivent au États-Unis ont appris tardivement qui était leur père. Leur histoire est restée dans l’ombre tant que le nouveau mari de leur mère était vivant. « Beaucoup de familles sont comme nous. Le sujet est tabou. Notre mère avait caché les documents. Il ne fallait pas en parler », raconte Nancy. Aux États-Unis, elle précise que c’est fréquent de rencontrer des orphelins de guerre dans la même situation : « Il y a un silence sur notre passé. Des lettres de GI n’ont jamais été ouvertes. La peur d’une trop vive émotion. »
Chercher la plaque
Il y a dix ans, « notre mère voulait savoir ou notre père était mort. Elle voulait retrouver sa plaque ». Les triplées ont débarqué au cimetière de Saint-James en Normandie. Elles n’ont rien trouvé, et pour cause ! Il avait perdu la vie près de Rennes. C’est le Rennais, historien amateur, Étienne Maignen, qui les a aidées à « trouver la vérité ».
Les triplées filles du GI disparu lors de la bataille de Maison-Blanche avec leur maman.
En 2014, les sœurs Bachant ont découvert l’endroit où leur père a perdu la vie : « Un moment émouvant. Nous avons vu la photo du semi-chenillé où notre père et ses six camarades sont morts. » Elles ont été très marquées « par la façon dont Saint-Grégoire gardait le souvenir des soldats tués pour La libération de la France ». Elles ont aussi rencontré des témoins de la bataille.
L’emblème des bons de guerre
Depuis qu’elles connaissent la vraie histoire, Nancy cherche des photos, des indices : « Incroyable, il y a deux mois, j’ai trouvé une photo de nous sur le site Ebay. » Il faut dire que les sœurs étaient triplées, un fait rare à l’époque. « Nous étions l’emblème pour les achats de bons de guerre. Nos photos étaient imprimées », se souvient Nancy.
Les trois sœurs ont assisté, samedi, à la cérémonie avec beaucoup d’émotion.
L’an dernier, « pour que le souvenir reste et que l’on n’oublie pas », Nancy a déposé toute sa documentation au musée de la Nouvelle-Orléans, aux Etats-Unis.
Malgré l’émotion du moment, les trois sœurs se sentent plus sereines : « On n’a pas retrouvé la plaque. Mais nous avons pris de la terre de cet endroit où notre vie a basculé. »
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